La bataille (avec Marthblue)
Ca fait sept heures qu'on marche. Une bataille perdue d'avance nous
attends. J'espère que je survivrais. A la dernière attaque de notre
gouvernement, j'ai failli y passer. On traverse une forêt. Des arbres
portants des signaux bizarres, d'autres abattus par un boulet de
catapulte, je commence à avoir peur. Je suis le pion qu'on sacrifie pour
faire avancer la partie d'échec.
J'aurais voulu suivre une formation
de renom pour devenir Paladin. C'est toujours lui qui achève la
bataille et qui finit en héros. Même Piquier m'aurait plu mais là, je ne
suis qu'un esclave de l'empereur, un simple soldat.
On a vu une
armée partir ce matin de chez l'ennemi. Hier, vingt soldats sont partis
selon les espions de mon royume. Nos chefs nous ont dit qu'il fallait
partir sans plus attendre.
Ces abrutis qui n'y connaissent rien et
qui ont été recruté car ils connaissaient des gens haut placés, ça me
révulse...
Ils ne feront même pas la guerre, ils nous scruteront du
haut de la colline et si par malheurs, on perd cette bataille, ils
informeront l'empereur qu'on a perdu et que nous sommes des incapables.
Je
me fiche totalement de ce qui va m'arriver, je n'ai plus rien à perdre.
Je suis devenu trop vieux. C'est vrai que vingt trois ans pour un
soldat, c'est vieux et je m'en félicite.
On attaque maintenant.
Il
y a une centaine de soldats de tous genres ripostent après notre
attaque.
La bataille semble être finie... un archer ennemi m'a touché
le bras, je vais mourir. Je vais partir dans la forêt pour ne pas
mourir indignement sur le champs de bataille. Aux yeux du monde, je
n'aurais rien été. Et finalement, ça me semble être une bénédiction
d'honneur.
Tandis que le sang jaillissait à flot de
mon bras pour former une flaque sous mon corps je revoyais ma vie
défiler.
J'avais connu mon suzerain bien
avant qu'il prenne le contrôle du royaume. Nous avions le même
précepteur, mais il avait une plus haute destinée. Il avait quelques
années de plus que moi et je l'admirait beaucoup. Petit, je le suivais
et l'observais souvent. Il le savait et ça le faisait sourire. A 10 ans
j'étais déjà son plus fidèle soldat.
Nous
avions perdu la bataille, j'entendais les généraux ennemis aboyer des
ordres. Ils fouillaient l'orée de la forêt à la recherche de mes
compagnons et moi-même. Mais j'étais seul et j'allais mourir là. Alors
je me laissai glisser entre les énorme racines d'un arbre millénaire et
me camouflai tant bien que mal dans les fougères.
J'ai
vite montré des aptitudes à devenir soldat. En fait je n'étais pas très
doué pour apprendre autre chose, et quand Il se vit confier la charge
du royaume, je désirai plus que tout mettre mon bras à son service. Dès
que j'eus l'âge, je devins soldat. J'ignorais encore tout de la réalité
du terrain.
Mon camouflage ne tint pas
longtemps.
"En voilà un !
- Il est déjà à
moitié mort..."
Une épée fouilla la
blessure à mon bras.
"Tu crois qu'il peut y
survivre ?
- Ne prenons pas de risques."
L'épée,
encore chaude du sang de mes camarades, transperça ma poitrine. Je ne
sentais déjà plus la douleur, je fus d'abord surpris de ne plus pouvoir
respirer. J'essayais mais l'air s'échappait de mes poumons par le trou
béant qui laissait à l'air libre plusieurs de mes organes vitaux, en
plus ou moins bon état. Des spasmes m'avait pris et je gigotais sur le
sol cherchant l'oxygène qui me redonnerait la vie.
Je
l'avais vu devenir quelqu'un, je lui avait juré la fidélité que j'avais
pour lui depuis mes 8 ans, j'espérais sans doute secrètement suivre un
chemin similaire, que ma dévotion serait reconnue. Mais depuis le début,
je n'avais été qu'un pion. Je n'étais là que pour être sacrifié, pour
que d'autres marchent sur mon corps et aillent plus loin, puis meurent à
leur tour, et d'autres arriveront pour marcher sur leur corps... Et ça
ne s'arrêtera que quand les jeunes hommes seront épargnés par les
campagnes meurtrières, qu'à la mort du suzerain, quand l'anarchie
règnera à nouveau.
Ça y est je suis mort,
une mort peu glorieuse pour une vie insignifiante.