Au revoir geôles de la Rose Noire [Part 2]

"Zayno, Zayno arrête-toi !
- On rentre tout de suite.
- Arrête tu es fou !"

Il s'arrêta net et se tourna vers moi. Visiblement, il n'avait pas apprécié et attendait que je m'explique. Je bredouillai.

"Je... Je ne rentre pas à Nedmor... Je pensais que tu avais compris...
- Compris quoi ?
- Qu'on a été abandonnés !"

Son visage se durcit, il tourna son regard vers la forêt. Ca avait jeté un froid, et je ne savais pas si c'était parce qu'il pensait comme moi ou justement le contraire. Mais je n'aimais pas ce silence.

"Zay...
- Alors c'est vraiment ce que tu crois ?
- ...
- Tu crois qu'ils avaient envie de nous laisser moisir ici ? Ils avaient sans doute une bonne raison qui les empêchait d'agir ! La Rose Noire c'est pas nimporte qui ! Et puis tu sais bien que Manserk...
- ...Que Manserk est le seul a avoir tenté quelque chose, c'est ça ? Ouvre les yeux Zayno ! Ils n'avaient pas l'intention de se mobiliser pour nous !
- Tu te trompes, j'en suis sûr ! Et puis t'es qu'une idiote de même pas vouloir venir au moins t'en rendre compte par toi-même !
- C'est toi qui est un idiot de leur faire encore confiance après ça !
- Tu vas abandonner ta famille ?
- Non, mais Galoregor avait les moyens de nous faire sortir de là, par la rançon ou par la force.
- Si Galoregor devait s'occuper de la vie de chacun de ses sujets...
- Il s'agissait d'une prise d'otage addressée à tous les royalistes.
- Quand même.
- Et chaque vie est importante.
- Tu en demandes trop aux personnes qui sont de notre côté.
- Moi ?..."

Je m'écartai vivement, le regardai un instant dans les yeux, puis me retournai pour m'enfuir en courant sans me retourner. Je croyais en la monarchie, mais Galoregor n'avait plus mon soutien. Je n'avais jamais encore vu la guerre du point de vue des victimes et je me sentais soudain délaissée par toutes mes connaissances, mes amis, ma famille. Même Zayno ne comprenait pas. Il n'y avait que Manserk qui avait tenté de nous sauver. S'il y en avait eu d'autre, nous l'aurions appris d'une manière ou d'une autre, non ? Et Ardith avait surement raison : quelqu'un là-bas devait tout simplement souhaiter qu'on y reste à pourir dans notre cellule. J'allais m'exiler pour ne plus côtoyer ces personnes en qui j'avais eu confiance.